Que dire quand on ne sait plus quoi dire ?
Comment exprimer l’inexprimable, la perte de celui ou celle qui fut tout pour nous, sans qui nous ne savons pas qui nous sommes ? Et à qui peut-on parler, qui peut nous comprendre ?
Et pourtant, il faut parler. C’est nécessaire. Et en même temps, c’est impossible.
Nécessaire et impossible.
Comment accepter l’inacceptable ?
Comment admettre qu’une telle souffrance puisse exister ?
Comment continuer à vivre sans l’autre, alors qu’on ne peut pas vivre sans l’autre ?
Peut-on vivre sans trahir celui qui est parti ?
Et pourtant, on doit vivre.
C’est nécessaire et impossible en même temps.
Parfois, le décès peut nous apporter une forme de soulagement, tant le poids de la maladie nous a épuisé, tant la souffrance de l’autre nous a fait souffrir.
Mais a-t-on seulement le droit d’être soulagé ?
Ainsi le décès de l’autre nous apporte, en plus de la douleur et de la solitude, cet écheveau d’impossibilités qui nous paralyse.
Je n’ai pas de réponse aux questions. Je ne sais pas ce qu’il faut faire, je ne sais pas supprimer les impossibilités.
Je peux juste ouvrir mon espace, pour écouter la parole – ou le silence.
Et, en toute humilité, offrir un peu de fraternité, sur un lent chemin de réconciliation.